samedi 24 juillet 2010

Les régions et l'étalement urbain

J’arrive de la Gaspésie, notre pèlerinage familial annuel m’a inspiré quelques réflexions. Mon chum est natif de la Baie des Chaleurs et moi-même suis née à Chicoutimi.

Quand j’ai quitté la région saguenéenne, les statistiques recensaient un autobus par semaine pleine de jeunes quittant la région pour une ville plus grande, habituellement Québec ou Montréal. Pour ma part, je me suis installée à Montréal. J’y ai terminé mes études, travaillé, réétudié et retravaillé. Une part de moi adore la grande ville; sa multiethnicité, sa gastronomie et sa vitalité. En même temps, une autre part de moi rêvait d’un retour à la terre, de grand espace, d’une vie plus près de la nature. Le hic de ce retour à la terre… la job!! On a beau dire qu’il y des emplois ailleurs, c’est quand même moins l’opulence qu’en ville, surtout dans les TI. Moins de choix, moins bien payé, moins d’avancement, sans parler des contacts qu’on aura plus… En tout cas, tout ça pour dire que finalement, nous nous sommes installé en banlieue, dans le 450! C’est la même histoire pour plusieurs de mes amis. Montréal est une ville d’immigrants… mais ils ne viennent pas toujours d’aussi loin que l’on pense ;-)

En vivant en région métropolitaine, les grands-parents sont vus lors des vacances d’été et de Noël. Que de kilomètres parcourus à chaque congé pour visiter la famille qu’on a laissés derrière nous!
Quand j’ai fait connaissance avec la simplicité volontaire, j’aurais aimé simplifier mes vacances et mes transports en redécouvrant notre quartier, notre ville, notre région. C’est peut-être plus facile pour certains de moins voir leurs familles, mais pour moi c’est assez difficile. Quand ça fait plus de quatre mois que je n’ai pas vu les miens, je commence à m’ennuyer solide.

Résutalt, en plus des kilomètres pour la famille de nos régions natales, nous empilons aussi les kilomètres inhérents à notre statut de banlieusard. Nous avons souvent remis en question notre lieu d’habitation pour retourner à Montréal. Mais pour avoir la moitié de ce que nous avons à Beloeil, il faudrait qu’on paie plus d’un million… on n’a pas ces moyens-là.



Vivre à Montréal, c’est aussi accepter une proximité avec ses concitoyens. Mais est-ce que tout le monde peut vraiment aller demeurer à Montréal ou à Québec? Peut-on faire des tours si hautes, toutes près les unes des autres, comme des les images de Monget. Est-ce là la solution? Transport en commun « mur à mur », toits verts, air intérieur contrôlé avec la géothermie, tous les services à distance de marche… un avenir envisageable pour plusieurs. Mais pour ceux qui comme moi, n’ont pas la fibre urbaine tissée très serrée dans leurs personnalités, qu’est-ce qu’on fait? Et si l’exode pour la ville augmente encore, qui cultivera les terres? Qui nourrira la population d’ici?


Des investisseurs chinois voient dans les terres arables et les forêts québécoises une façon d’assurer leurs arrières en cas de crises alimentaires. Si nous désertons les régions, il y aura du monde pour acheter tout ça. D’autant qu’avec l’explosion démographique et les réfugiés environnementaux, la terre cultivable et les grands espaces deviennent des enjeux pour tous les habitants du monde. Je n’ai pas le recul pour valider le bon ou le moins bon dans tout cela. J’ai tout de même l’impression qu’il faudrait encourager davantage l’acquisition de petites terres par tous ces jeunes qui rêvent de la vie de ferme, mais qui n’ont pas les moyens d’acheter de lots.


D’un autre point de vue, à force de rester en ville, on se coupe de la nature. On perd conscience de sa nécessité, de sa présence et de ses beautés. Ce ne sont pas les hautes technologies qui vont arranger les choses à ce niveau. Nous avons besoin de jouer dehors dans des endroits naturels, pas seulement au parc du quartier. Passer du temps à la mer, dans la forêt, les prairies, écouter les bruits de la nature, découvrir les insectes qui nous agacent et ceux qui nous ravissent… Un article récent de David Suzuki invite les enfants à jouer dehors et à garder le contact avec la nature. Arguant que cela développe l'envie de protéger ce que l’on aime et connais et permet plus tard, d'en comprendre les enjeux.

Pour toutes ces raisons, je ne crois pas que la solution soit dans le "tout à la ville". Par contre, je crois qu’il serait intéressant que les entreprises du centre-ville pensent à évaluer quel est le pourcentage de leurs employés qui habitent en banlieue. Si quelques sièges sociaux déménageaient dans la couronne, les banlieusards auraient besoins de voyager moins loin pour aller à leur travail. Du même coup, les espaces libérés du centre-ville pourraient être habités par les gens qui y travaillent, attirant épiceries et commerce de services, variant l’économie des quartiers. Je n’ai pas d’étude en urbanisme, ma réflexion est surement naïve. N'empêche, je serais bien contente de connaître vos avis sur l’étalement urbain et les régions.

2 commentaires:

  1. Ce que j’aime avec ton blog, c’est que tu mets le doigt sur des sujets sensibles.
    Le débat sur l’énergie n’est pas suffisamment discuté dans les médias et pourtant c’est l’enjeu du 21è siècle qui va le plus transformer les modes de vie des pays industrialisés.
    Ta note parle d’étalement urbain alors quel est le rapport avec la question énergétique ?

    Exemple avec le cas français :
    En France 70% des emplois sont dans le tertiaire ce qui veut dire que 80% des français vivent en ville d’où étalement urbain. Les emplois du tertiaire existent grâce à une énergie bon marché.
    Donc énergie plus chère = emploi tertiaire moins nombreux. Par contre, l’agriculture, l’artisanat et les métiers techniques auront besoin de monde. Mais ceux qui travailleront dans ces métiers se rapprocheront des lieux de production (minerais, océan, sols, forêts) et n’auront plus besoin d’habiter en ville et encore moins en banlieue.

    Que va-t-il rester de nos banlieues que nous avons construites depuis 40 ans ?
    L’équation est simple. S’il y a moins d’emplois tertiaire il y aura moins de charge donc moins de services, un patrimoine dévalué, moins de services marchands, etc. Qui voudra vivre là-bas ?

    Les banlieues pavillonnaires et celles les plus éloignés sont anti-économie d’énergie. On comprend mieux quant on sait que les bâtiments en France c’est 40% de la consommation d’énergie (25% des émissions de CO2). On est dans un monde où l’énergie (pétrole, gaz) va coûter structurellement de plus en plus cher. Appliquer une stratégie développement durable de refonte de l’urbanisme n’est plus à discuter même si à l’heure actuelle on ne sait pas à quel rythme il va falloir mener ce chantier.

    En clair le futur n’appartient pas à l’étalement urbain. Dans le cas français, le paysage urbain reviendra à des schémas du siècle passé, des villes nombreuses, denses et plus petites. C’est clairement le milieu rural qui va se repeupler.

    C’est pas toi qui voulait un bon job à la campagne ?

    PS : Avec les données actuelles, le seul pays qui sera capable dans un futur proche de garder son autonomie alimentaire est le Brésil. On peut se demander pourquoi il n’y a que la Chine qui s’en inquiète…

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  2. Bonjour ConstruireFutur,

    Tu mets le doigt sur le nerf de la guerre! C'est le pétrole qui mène le monde. Mais comme son prix n'ira qu'en augmentant, il est vrai qu'il faudra revoir nos aménagements urbains. J'aime quand tu parles de nombreuses villes, denses et plus petites. Mais est-ce que les villes de banlieues ne pourraient pas se transformer en ville plus autonome? C'est dans cette optique que je propose aux entreprises de déménager dans les villes de la banlieue.

    Quand on pense qu'une municipalité comme Beloeil ou Saint-Lambert comptent toutes deux plus de 20 000 habitants, c'est quand même un bon départ pour des villes petites, mais denses.

    Aussi, je trouverais intéressant de comparer le taux de rétention des employés entre les entreprises dont le siège social est au centre-ville de Montréal et celles qui ont choisi de s'installer à Longueuil.

    D'un point de vue plus urbain, l'étalement urbain est une plaie. Mais que nous propose-t-on comme solution? Non pas la décentralisation, mais plutôt l'empilement urbain. J'imagine que d'un point de vue de maire, c'est l'idéal. Mais est-ce vraiment du développement durable?

    Merci pour tes intéressants et enrichissants commentaires.

    Isabelle

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